Voici un article sur les sacs plastiques en Suisse: de la taxe à l’interdiction. Les sacs plastiques jetables à usage unique et les sacs oxo(bio)dégradables devraient être interdits aux caisses des magasins en Suisse dans le cadre de la mise en application progressive de la Motion De Buman (2012). L’OFEV (Office Fédéral de l’Environnement) l’a confirmé le 31 janvier 2014 pour 2015 après de multiples soubresauts qui privilégiaient un temps la taxation plutôt que l’interdiction. Depuis, la date de début 2016 est avancée.
Que ferons-nous donc aux caisses des magasins? Aurons-nous des cabas ou des sacs plastiques recyclables et/ou biodégradables ou des sacs papier? Découvrez l’avis de Frédéric Mauch, CEO de BioApply impliqué dans la consultation pour la préparation de la révision de l’ordonnance technique sur les déchets qui entrera précisément en vigueur en 2016.
DES CHIFFRES PARLANT
Les 2 plus grands distributeurs Migros et Coop contribuent à la diffusion annuelle de 240 millions de sacs plastiques de très courte durée de vie et « poubellisés » avec les déchets ménagers quotidiens. Les sacs compostables proposés par BioApply n’en représentent que l’équivalent de 10%.
RAPPEL DE NOTIONS
Pour comprendre ce que représente le péril du 7ème continent et les différences entre matières plastiques, re-découvrez mes 2 articles sur ce sujet:
- Halte à la pollution des sacs plastiques!
- Lumière sur les sacs plastiques: comment reconnaître le bon grain de l’ivraie?
Le nombre de sacs plastiques distribués aux caisses a déjà diminué mais il reste encore des secteurs forts consommateurs. Je pense notamment aux sachets d’emballage des fruits et légumes que l’on utilise intensivement pour la pesée. En voici le résultat, une fois les aliments déballés.
AVIS D’UN EXPERT
Frédéric Mauch, fondateur et dirigeant de l’entreprise glandoise BioApply répond à nos questions:
1. Quelles sont les étapes concrètes qui ont été réellement mises en oeuvre pour interdire les sacs plastiques jetables et oxo(bio)dégradables en Suisse (cf Motion De Buman)?
« Dans la foulée de la Motion De Buman portant sur l’interdiction des sacs plastiques à usage unique et des sacs oxo, l’OFEV a tenu une première réunion avec les parties prenantes, dont BioApply, en Février 2014.
Il a été confirmé qu’une interdiction sur ces produits allait être réalisée, avec pour échéance 2016.
Une seconde réunion avec les parties prenantes était prévue en mai 2014, mais a été reportée par l’OFEV. En octobre 2014, la réunion se tiendra à Berne. En principe, l’OFEV reviendra avec des propositions très concrètes.
Ces démarches s’inscrivent dans le sens des nouvelles directives françaises, italiennes et européennes visant à interdire les sacs plastiques et Oxo et privilégiant les sacs compostables. »
2. En quoi ce changement de cadre légal contribue-t-il au développement des sacs biodégradables…et pour quels usages quotidiens?
« Ce changement du cadre légal va encourager un usage quotidien plus durable. Terminé le sac plastique sortie de caisse que l’on utilise 20 mins puis que l’on jette. Désormais, le citoyen a la possibilité d’accéder à un sac compostable très bon marché (5cts chez Migros Vaud) à la caisse pour ses courses légères puis de conserver plus au frais ses fruits et légumes (avantage fonctionnel des biopolymères) avant de pouvoir l’utiliser pour la collecte des déchets organiques. L’usage quotidien s’en voit facilité avec de réelles économies pour le citoyen. BioApply développe d’ailleurs une App qui va permettre au citoyen de quantifier et de mesurer les économies mensuelles en tri, l’impact financier ainsi que la réalisation d’humus. »
Les sacs en plastique compostables et biodégradables se présentent donc comme l’alternative la plus durable et accessible en prix pour le consommateur.
L’UBP, C’EST QUOI?
Cet acronyme UBP signifie l’unité de charge écologique d’une matière, soit l’équivalent d’une seule valeur de référence de type éco-bilan pour comparer les matières.
On peut se demander pourquoi nous ne pourrions tout simplement pas revenir au sac en papier plutôt que d’adopter du plastique biodégradable? Ce débat a évolué avec le temps et le renchérissement du coût des énergies porte une part de responsabilité.
L’OFEV vient de publier le 27 août 2014 l’actualisation de la méthode UBP. Je ne dispose pas des données UBP comparatives précises mais on peut lire dans l’article de l’OFEV:
« Le plastique, malgré sa mauvaise réputation, n’est-il pas forcément plus polluant que le papier, le carton ou le verre. C’est ce que montraient les premiers écobilans établis par la Confédération, il y a trente ans, dans le but de comparer la charge écologique effective de différents types d’emballage. Bien qu’issu du pétrole, le plastique, correctement utilisé, peut se révéler plus opportun que certains matériaux provenant de ressources renouvelables. En effet, ces derniers requièrent aussi de l’énergie fossile pour leur fabrication. »
Cette constatation est d’autant plus vraie si le plastique en question provient de matières végétales naturelles!
Emission de TV5 Monde sur le 7ème continent
Sources:
La Liberté, 27 janvier 2014: L’interdiction remise en cause.
BioApply, février 2104: L’OFEV confirme l’interdiction des sacs plastiques en Suisse.
24 heures, 25 mars 2014: Les défenseurs des sacs en plastiques montent au front.
CleantechAlps: BioApply veut supplanter le sac en plastique.
OFEV, 27 août 2014: Actualisation de la méthode UBP: Des évaluations de plus en plus pointues.
Blog In-fuseon: Matériaux innovants à la base des cleantechs.
Edith Page est fondatrice d’In-fuseon, la communication au sens propre et co-fondatrice de Net-Academy, institut de formation en communication digitale et réseaux sociaux en Suisse romande.