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Impacts environnementaux de la communication numérique

Avec cet article sur les impacts environnementaux de la communication numérique, me voici de nouveau sur 2 sujets qui me tiennent à coeur.
Si vous suivez mon blog, vous connaissez ma sensibilité pour l’environnement et la communication responsable (!)

C’est un cours que je donne à la Haute Ecole de Gestion de Genève en DAS Responsable de communication qui m’a inspiré cet article.
Loin de moi l’idée de donner des leçons et de générer de la culpabilité à chaque clic sur le web!

J’utilise moi même le numérique et la communication digitale au quotidien.
En fait, je veux juste partager quelques chiffres et bonnes pratiques pour sensibiliser.
J’avoue que certains faits et gestes m’ont choqués lorsque j’ai préparé mon cours.
J’ai pensé sans cesse à l’impact environnemental de chaque recherche web que je faisais. Et il y a de quoi!

Une banale recherche sur le web consomme autant d’énergie électrique qu’une lampe allumée pendant 17 secondes (28 Wh)

L’envoi d’un email avec un fichier joint correspond à la consommation électrique d’une ampoule pendant une heure!

Ça m’a fait peur!

Quelques calculs m’ont menée à la conclusion que l’énergie web pour écrire cet article est l’équivalent de la consommation électrique d’une petite demi-journée d’environ 2 heures d’un ménage en Suisse (Base: 3 600 KWh/an).

Impacts environnementaux du numérique

Tout d’abord, il faut bien admettre les avantages de la communication numérique!
Elle a permis le développement d’une nouvelle économie, de nouveaux métiers et un accès universel aux moyens de communication sociaux.
Qui pourrait se passer de cette communication instantanée que l’on a pris l’habitude de vivre au quotidien et dans son travail?
Elle a permis un meilleur partage de l’information, une amélioration des échanges et des collaborations à distance.
Tout ceci présentant des avantages pour réduire les déplacements, réduire l’usage du papier et d’une certaine façon gagner du temps.

Mais voilà, les forces et les avantages de la communication numérique se sont transformés pour certains en inconvénients et en impact environnementaux grandissant.

En parlant d’empreinte écologique

  • Le Web représente le sixième troisième(1) plus grand pays énergivore!
  • Le Web est globalement aussi polluant que le secteur de l’aviation!
  • Globalement, le secteur informatique consomme 7 % de l’électricité mondiale, soit l’équivalent de 40 centrales nucléaires. (Les chiffres trouvés fluctuent entre 7% et 15%)
  • Une donnée numérique (mail, téléchargement, vidéo, requête sur le Web…) parcourt en moyenne 15 000 km.

(1) Sur la base de la consommation mondiale d’électricité, de la liste des pays consommateurs d’électricité en 2016 et l’hypothèse qu’Internet consomme entre 7 et 15% de l’électricité mondiale, cela signifie qu’Internet consommerait entre 1 524 et 3 266 TWh. Ceci place bien Internet comme le 3ème pays le plus grand consommateur derrière la Chine et les USA.

En une heure

  • 8 à 10 milliards de mails sont échangés (hors spams).
  • Google voit passer 180 millions de recherches.
  • L’impact d’une heure en streaming HD est du même ordre de grandeur que la fabrication d’un DVD.

Ce n’est pas étonnant de constater que les émissions de gaz à effet de serre générées par le numérique sont dues à 25 % au data Center, à 28 % aux infrastructures de réseau et à 47 % aux équipements des consommateurs (ordinateur, smartphone, tablettes, objets connectés, etc).
Relevons donc que nous autres utilisateurs lambda du Web portons la responsabilité de près de la moitié de l’empreinte environnementale du Web.

On comprend donc beaucoup mieux l’importance de faire durer nos équipements numériques pour diminuer leurs impacts :

En moyenne, il faut mobiliser de 50 à 350 fois leur poids en matière pour produire des appareils électriques à forte composante électronique. Par exemple, 800 kg pour un ordinateur portable et 500 kg pour un modem.

Le prochain défi de l’empreinte écologique est à attribuer aux 50 milliards d’objets connectés d’ici à 2020.
On peut juste imaginer l’effet exponentiel des consommations électriques que ces objets représenteront pour se synchroniser.

Avec cet éclairage là, nous comprenons donc mieux la pression qui est faite sur les GAFAMS pour alimenter leurs serveurs au maximum par des énergies renouvelables (en référence, les actions de Greenpeace).

Développement de l’éco-responsabilité

Les sources principales d’impact environnementaux du numérique

  • Les infrastructures réseaux
  • Le matériel utilisateur: ordinateur, smartphone, tablette, sans compter l’obsolescence programmée par les fabricants de matériel
  • Les usages sur le Web: e-mail, recherche Web et stockage dans le Cloud
  • Croissance des objets connectés
  • Développement de la Blockchain

Heureusement, l’éco-responsabilité numérique est en train de se développer en parallèle à la sensibilisation croissante face aux changements climatiques.
Il existe de nombreuses sources de connaissances et de bons gestes à pratiquer individuellement et aussi en entreprise.

Je vous recommande cet article remarquable et très complet de l’association ZeroWaste Zwitzerland qui a recensé toutes les bonnes astuces pour être plus vert sur le net.

Une astuce particulière à propos du cloud

Avant de tout expédier sur votre stockage en Cloud, pensez à la durée de vie de votre information.
Si cette information a une durée de vie courte voire très courte, son stockage est peu critique. Il devient alors plus judicieux de la stocker en natif sur votre ordinateur dans un format numérique plutôt que dans le Cloud. Et surtout, ne pas oublier de la détruire dès qu’elle ne vous servira plus.
En bref, on rentre dans l’air du désencombrement numérique!

Faites durer vos appareils numériques

Vous améliorez de 50 % le bilan environnemental de votre tablette ou de votre ordinateur en augmentant sa durée d’usage de 2 à 4 ans.

Nouveaux usages de l’ecommerce

On peut également se questionner sur les nouveaux usages de sites d’eCommerce qui pratiquent par exemple le Dropshipping.
C’est une méthode qui rassemble des produits existants d’autres sites web sur une plate-forme de pur marketing en ligne.
On pourrait reprendre le terme plus ancien de Piggyback qui consiste à « surfer » sur le dos de quelque chose d’autre.
La valeur ajoutée de tels sites d’eCommerce est discutable et leur impact environnemental certainement non négligeable.
Ce postulat n’engage que moi.

Posture du communicant

Dans un tel contexte, que peuvent faire les communicants professionnels, spécialistes en marketing et communication dans les entreprises?

En interne dans les entreprises, la communication a la responsabilité de sensibiliser les collaborateurs autour des impacts environnementaux de la communication numérique.
Pour s’engager vers une communication digitale responsable, les responsables ont intérêt à se questionner en amont de leur campagnes et actions de communication:

  • Se rapprocher de leurs alliés créatifs et informaticiens
  • Concevoir une charte pratique, former et communiquer en interne auprès des collaborateurs pour réduire le nombre de mails, désencombrer les boites et le Cloud et préciser les recherches Web
  • Privilégier un hébergement vert
  • Se questionner sur la priorité à donner aux canaux digitaux et aux supports numériques en fonction de leur impact et efficacité
  • Questionner l’usage de la publicité digitale

Et maintenant, à nous de jouer!
Edith

Sources:
ADEME: La face cachée du numérique
Greenpeace: Il est temps de renouveler Internet
Greenpeace: Clicking Clean
Bilan: Impact CO2 de nos emails
RTS: Comment le Dropshipping permet de devenir millionnaire à 20 ans

Europe 1: Pourquoi Internet devrait être présent au sommet de l’ONU sur le climat

Wikipedia: List of countries by electricity consumption (2016)

Article modifié le 25.9.2019.

2 réponses
  1. Chris Buehler
    Chris Buehler dit :

    J’aime bien les suggestion de réflexion que propose cet article et qu’il donne des astuces concrets.
    Malheureusement au début il manquent les chiffres comparatives: Combien d’énergie faudrait il d’écrire un tel article sans l’internet (p.ex. photocopies des articles envoyés par des bibliothèques de l’étranger etc.)?

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      Edith Page dit :

      J’ai vécu l’époque des bibliothèques sans Internet, qui sont d’ailleurs depuis devenues des médiathèques. Très difficile de me lancer dans des comparatifs fiables sur un processus peu comparable sur la production et la diffusion d’un tel article avec et sans Internet.
      S’il n’y avait pas Internet, je ne me serai pas lancée à écrire un tel article, aussi tout simplement car le temps et la durée de production aurait décuplé (cf. identifier les articles pertinents auprès des bibliothèques ou médias émetteurs, les commander, les réceptionner sous format papier et ensuite diffuser l’article par courrier postal auprès d’un réseau de contacts qui serait restreint et probablement très différent de mon réseau numérique actuel).
      Pour répondre le plus précisément possible à votre question, il faudrait financer le soutien d’un chercheur scientifique expert des cycles de vie environnementaux.
      Voici toutefois 2 articles qui me semblent pertinents pour ajouter de l’eau au moulin de la réflexion:
      1. cet article de Consoglobe qui indique que « l’impact environnemental de leur article est à peu près similaire au journal papier, mais que cela dépend également du temps de lecture ». En effet, il semble clé de se questionner sur le temps, la fréquence de consultation et de conservation d’un article. Plus ces 3 paramètres sont courts ou réduits, plus le numérique se justifie. Ce qui pour moi sonne le paradoxe des articles de blogs et de médias en ligne d’un point de vue environnemental…Le but n’est pas de revenir en arrière sur la base qu »avant, c’était mieux », mais bien d’ériger les consciences et des comportements plus responsables.
      https://www.consoglobe.com/duel-papier-vs-numerique-cg
      2. cet article de greenit qui mentionne 19 g eq CO2 pour un email et 10 g eq CO2 pour une recherche d’infos, mais surtout l’impact du format HTML versus texte et l’énorme nuisance des spams.
      Le simulateur de la poste française permet de simuler l’impact environnemental d’un courrier postal de 50g (incluant des articles papier selon votre suggestion). Il annonce 18.4 g eq CO2 pour un envoi de Lyon à Annecy par exemple, ce qui est proche de l’impact d’un email.
      J’imagine que si les envois postaux se font à l’intérieur de la Suisse, on arrive à un impact équivalent. Si des envois de l’étranger sont impliqués, l’impact CO2 augmente.
      https://www.greenit.fr/2011/07/11/19-grammes-de-co2-l-empreinte-carbone-d-un-e-mail-selon-l-ademe/
      Voili voilou, à nous tous de mieux jouer la carte du numérique!

      Répondre

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